Jeudi soir à Uni Dufour, plus de 200 militants du PLR recevaient François Fillon (lire ci-dessous), ancien Premier ministre français. Ils étaient aussi appelés à se prononcer sur l'initiative de l'UDC demandant l'élection du Conseil fédéral par le peuple, et la modification de la loi sur l'asile visant à accélérer et à améliorer la procédure et la prise en charge des requérants.
A la quasi unanimité, l'initiative de l'UDC est rejetée: le système suisse fonctionne bien, a expliqué le conseiller national Hugues Hiltpold, et il serait dangereux à plusieurs égards de vouloir en changer. Le parti blochérien, s'affichant comme l'ambassadeur unique des traditions helvétiques, tente en réalité, plus souvent qu'à son tour, d'introduire dans notre système des mécanismes qui lui sont parfaitement étrangers.
Le conseiller d'Etat Pierre Maudet a présenté la révision de la loi sur l'asile: "il s'agit non pas de la durcir une énième fois, comme le prétendent certains, mais au contraire d'amener plus de dignité et d'efficacité dans le système", a-t-il souligné. "Il faut pouvoir mieux protéger les requérants dont la requête est fondée". En effet, des milliers de requêtes pour "motifs économiques" sont déposées chaque année, alors que l'asile ne peut être accordé pour ce motif. On ne peut plus, par ailleurs, admettre que les procédures durent des années: comment renvoyer quelqu'un qui a eu le temps de s'installer et de faire sa vie en Suisse, clandestinement?
Pour Pierre Maudet, il est extrêmement positif que la Confédération prenne à sa charge des centres réunissant près de 6000 lits. Genève serait en outre également favorable à l'accueil d'un nouveau centre pour requérants "récalcitrants", sous certaines conditions, notamment la réduction du nombre total de requérants attribués au canton. Ces centres permettront de mieux traiter les difficultés qu présentent certains comportements, et d'éviter qu'ils nuisent à la vie des centres ordinaires.
Les délégués ont approuvé la révision à la quasi unanimité, là aussi.
Le chef de la sécurité a poursuivi avecun premier bilan de la politique menée à Genève en matière de sécurité, avec le procureur général Olivier Jornot. Il a notamment souligné que grâce au travail de tous les acteurs, violences et cambriolages étaient en recul, en 2012 de 9%, mais également en ce début d'année.
François Fillon, accueilli chaleureusement, passionne les militants
"J'aime la Suisse". L'ancien Premier ministre français, actuellement député UMP à l'Assemblée nationale, a fait forte impression. Accueilli par un tonnerre d'applaudissements, il a su trouver des mots à la fois simples, drôles et efficaces pour aborder des problématiques pourtant complexes et sensibles: le rôle des Etats dans le monde d'aujourd'hui et de demain, la construction européenne et la place de la Suisse, la situation délicate de la France et les réformes qu'il préconise pour son pays et pour l'Europe. Son expérience politique hors du commun ("je sais désormais ce qu'il faut faire, et surtout tout ce qu'il ne faut pas faire"), son éloquence et sa posture naturelle d'homme d'Etat lui ont permis de capter facilement l'attention de l'auditoire Rouiller, préalablement chauffé par les démonstrations brillantes de Hugues Hiltpold et Pierre Maudet.
Selon François Fillon, si les Etats, comme par exemple la France à propos des différends fiscaux, défendent et défendront toujours leurs intérêts - "c'est ce pourquoi ils existent" - le dialogue et une collaboration plus poussée doivent permettre de trouver les meilleures solutions, les plus efficaces, dans l'intérêt de tous. Selon lui, seul un climat de respect mutuel peut permettre d'avancer. Et François Fillon de préciser encore qu'on ne l'a "jamais entendu, contrairement à d'autres responsables politiques, attaquer la Suisse".
Le député de Paris, régulièrement en visite dans notre pays, a noté avec amusement que l'on y "regardait beaucoup la télévision française" puisqu'il ne pouvait pas passer "incognito", même pendant des vacances en Valais. Plus sérieusement, il a déclaré que notre pays, à défaut d'y adhérer politiquement (ce dont il se réjouirait si l'on changeait d'avis...), pouvait apporter beaucoup à l'Europe, notamment de par "son système démocratique particulièrement avancé".
François Fillon milite pour une "Confédération renforcée" en Europe, autour de l'Allemagne et de la France, afin de pouvoir compter dans un monde "que l'Europe, qui a amorcé un déclin, ne domine plus", malgré "un mode de vie probablement le plus abouti". La formule parle d'elle-même: "certains gèrent leur futur, pendant que nous gérons notre héritage".
Quant à la France, qu'il estime se trouver dans une situation"très grave", à l'instar de la plupart de ses compatriotes d'ailleurs, il a expliqué qu'elle ne pourra plus faire l'économie de réformes en profondeur si elle entend pouvoir préserver ses traditions et son mode de vie. Ces réformes devront intervenir très tôt durant le prochain quinquennat, "dans les quatre premiers mois". Sur les 35 heures par exemple, il reconnaît que la droite elle-même a pour l'instant renoncé à une réforme en profondeur, préféré la défiscalisation des heures supplémentaires, mais dû finalement faire face à la crise mondiale. Une crise qu'il estime responsable des échecs du quinquennat précédent, de Nicolas Sarkozy, qui a pourtant "mis la France sur la voie des réformes, du changement, même si les Français n'ont pas pu en percevoir les effets".
Dans une ambiance chaleureuse, François Fillon a ensuite répondu aux questions des militants et élus PLR, rejoints d'ailleurs par des membres de l'UMP pour l'occasion. De très nombreux jeunes étaient présents à cette soirée, ce dont le PLR se réjouit. Alain-Dominique Mauris, président du PLR Genève, a conclu la soirée en soulignant l'importance de l'engagement des militants, de leur action et de leur générosité.